I saw the one I love with flower (*)

Quand il me caresse les jambes, je suis une plaie ouverte et chacun de ses doigts vient dénouer les nerfs à l'intérieur de ma plaie, il les tresse ensuite.
Quand il me caresse les jambes, c'est ce que je pense avoir de laideur qu'il frôle et qu'il palpe. Si je tremble, je tremble de honte.
Si je tremble, c'est que je tremble d'effroi. Je ferme les yeux, et mes épaules se contractent, de petits sons, de tout petits sons me sont volés de la bouche.
Si je tremble, je tremble de plaisir. Ce plaisir qui vient naître à la laideur et à l'horreur qui se construit au fond de soi. Le plaisir que lime la douleur nerveuse et l'effroi fasciné, l'abandon craintif.
Et le silence sur le matelas et au-dessus de nos têtes se peuple de fantômes hybrides, et s'il les voyait, toutes mes créatures atrophiées qu'à ma naissance j'ai enfantées en baillant ! Comme ils sont laids. Comme mes jambes ne sont pas belles. Comme il n'y a que lui parfois pour me voir fleur sur le merdier.
Il n'y a que lui pour penser aux racines écarlates qui élèvent la fleur. Et jamais il n'a détourné les yeux. Fasciné par ce monde intérieur qui bouillonne sous la chaleur de ses doigts. Dans ce monde, il existe cet homme qui sait voir au-delà de la peau, pour qui mon avenir est son passé et mon passé son avenir.
Mon homme.
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* un vers de Henry Miller dans son poème "O lake of light"