Cours-je


Toujours dans ces réflexions en cours et à poursuivre -

j'ai préféré aimer fidèlement les hommes infidèles pour la simple raison qu'il m'était plus facile, moins courageux de souffrir que de faire souffrir. Plus facile, moins courageux de résister à ma jalousie, plus complaisant d'imaginer que je ne vaux pas un amour entier - même temporaire, que d'essuyer la colère et la démesure d'un homme, que d'éprouver la peur face à la responsabilité de mes propres actes.
Tout ce temps qu'il m'a fallu pour saisir que le courage s'arme de crainte, que le courage s'arme d'impatience aussi, que le courage est le fruit de sentiments ambigus, ambivalents, contradictoires parfois - leur dénouement.

J'écoutais un soir Annie Ernaux à la radio déclarer qu'il y avait quelque chose de sain dans la colère, c'est la manifestation, l'action même de la résistance, de notre résistance à ce qui arrive.

Et maintenant que j'éprouve de la colère, que je la laisse avoir cours, non le libre cours encore, je comprends cela parfaitement. Je comprends toute la violence soudaine qui se libère de ma poitrine, dans mes mots et mes regards, dans mes attentes bafouées, dans mes intentions et mes désirs, sur les hommes.

Ma passion qui demande à voir, à savoir, qui exigence la transparence et accepte la souffrance qu'elle anime. Mes mains aux spots de lumière aveuglante.

- mes hommes ferment leurs yeux, par volonté, par manipulation, par peur, par inachèvement, par complaisance, par ignorance parfois.


Après quoi je cours, bon sang !



Photo : Edward Burtynsky, Densified oil filters n°1.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Et d'où vient-elle, cette colère ? Et quelle est-elle ?

Anonyme a dit…

du désir d'exister et du devoir d'assumer. De l'absurde. De la responsabilité de soi contre l'abandon de moi. D'une erreur de la volonté, qui réclame l'approbation au lieu encore de se suffir à elle-même. Parce que j'ai été abandonnée successivement par mes parents, parce que j'ai été livrée à moi-même et que longtemps je n'ai pas supporté l'espace immense de cette liberté et de l'indépendance qu'ils m'offraient par défaut, sans dire leur nom. Parce que - narcissique. Parce que - trop longtemps mutique.
Du désir de vivre aussi.

Anonyme a dit…

De mémoire, après ceux qui ont le jus court, et la vampirisation longue..

Cephee a dit…

Il vous suffit de laisser la lumière et les pensées agréables parvenir jusqu'aux coins les plus sombres de votre esprit ...
Changez de paysages, de visages, de climats ....

Anonyme a dit…

Sohoz...étrange

Cephée...si vous saviez combien j'ai voyagé depuis l'autre blog, un esprit bien plus léger...merci de vos conseils avisés à la pomade douce.

Anonyme a dit…

et celui-là aussi tellement d'échos...
c'est un peu basique et banal et bateau mais souvent je me dis
vouloir la transparence, vouloir savoir, c'est une façon de vouloir posséder l'autre... qu'ils se gardent de nous en ne disant rien... pas de notre colère ou de notre ressentiment, mais de notre possession...

Anonyme a dit…

Julip, je me souviens de l'avoir éprouvé cela aussi - parfois il devrait se protéger de nous, oui. Hier j'ai revue cette amie dont je parle - et elle m'a dit soudain "en fait je n'aime pas les femmes qui font du mal aux hommes". Quelle étrange et généreuse parole, non ?