question morale



Parfois il me semble que la question morale ne s’est réduite qu’aux complications de la protection sexuelle.
Je ne cache pas mes deux relations, et je ne compte pas le cacher. J’ai attiré quelques attitudes étonnantes parmi mes amis ou mes connaissances, souvent des paroles dures et des éloignements moralisateurs. Je n’ai pas flanché, et je ne dirai pas que je n’en ai pas souffert, mais la souffrance morale m’apparaît comme la nécessité de réfléchir à ses propres choix et de les confirmer, en quelque sorte c’est sortir de la névrose. J’ai passé cela, je n’en souffre plus, et la période a été propice à des questionnements profonds, ceux-là même qui vous font toucher du doigt, vous rendent palpables les contours réels de votre être.
Parfois j’aurais préféré aussi ne pas avoir eu à rencontrer ces questionnements de soi, ni à me justifier face aux autres avec autant de force. Parce que l’homme que j’aimais / j’aime uniquement vivait / vit une relation adultère avec moi, et que je ne me voyais pas réduire ma vie de femme à une vie de maîtresse ni renoncer à un amour qui me construisait / construit, je me suis engagée dans une voie dont je ne mesurais pas le long cheminement.
Aujourd’hui encore, je n’en connais pas les risques, ni les conséquences – et les changements interviennent dans les domaines les plus complexes et inattendus, à tous les niveaux de mon amour, dans des questions de la sexualité et du désir, interviennent dans la construction de ma personnalité de femme adulte, dans ma position dans la société, m’engagent même parfois dans un combat féministe, et mon regard sur les hommes change incroyablement aussi. Je ne mesure pas l’étendue de ce qui s’enclenche.
Avec l’un je ne me suis jamais protégée et n’aurai jamais à me protéger, c’est ainsi que notre relation a commencé. Avec l’autre nous nous sommes protégés toujours, bien que j’ai souvent évité le rapport à proprement dit sexuel, la branle et la sucée venant souvent remplacer la pénétration qui me plaît moins avec lui parce qu’il n’aime pas les capotes du tout – mais parfois cela ne suffit pas. Quand le second m’a demandé si un jour bientôt nous pouvions passer à des relations non protégées, la question morale s’est posée pleine et vitale. Une vraie question morale. Il n’en sera question que lorsque nous nous serons réunis tous les trois pour en discuter ouvertement. D’ici là, je reste la seule responsable.


la vie sexuelle d-eux


L'un, j'aime jouir avec, mais il jouit souvent après moi car il aime que je jouisse avant.

L'autre je le fais jouir avant et je m'en contente parfois avec délectation ou je me masturbe après, ma tête enfouie entre son épaule et sa joue.

L'un jouit en toute discrétion comme une excuse retenue, et l'autre est un spectacle fascinant d'éclats bruyants.

L'un pense à moi, l'autre pense à son trou du cul.

L'un je le remercie, l'autre me remercie.

Tous les deux me fessent.

L'un, je n'ai pas l'impression de le tromper, l'autre me donne toujours l'impression qu'il est trompé.

L'un ignore la réalité de l'autre, l'autre surévalue le premier.

J'aimerais dire que j'aime l'un plus que l'autre, et si j'aime l'un mieux que l'autre, d'une manière étrange et incompréhensible j'aime l'un et l'autre, différemment peut-être oui mais parfois seulement, car souvent juste je les aime l'un et l'autre.

Peut-être un jour je les aimerai l'un pour l'autre.

Peut-être aussi un jour je ne pourrai plus aimer l'un sans l'autre.

Mais je n'y crois pas.

Parfois il me semble que l'un restera pour toujours car je le garderai pour toujours, et que l'autre est variable ou multiple. Car l'autre est déjà parti une fois. (Puis revenu)

Mais je me trompe souvent -


- pour ne jamais tromper les hommes que j'aime.


(photo piquée dans ce blog-ci :http://cerebelmic.blogspot.com/ sans bien savoir de qui est la photo...)

Possibly maybe


Bien sûr je suis en colère contre lui - rien de bien visible, rien qui ne s'exprime...mais - mon amour s'est teinté (voilé?) bien sûr quand il a accepté de me laisser retourner à la multitude. C'était un long processus, cela avait commencé en janvier dernier. Parfois je le trouve spectateur, trop - et son dernier mot sera toujours "mais vous êtes responsable de vous-même"...
Alors oui je ne serai pas femme de marin. Alors oui je veux la chaleur du corps le matin. Alors oui, je veux bâtir à deux...alors oui je veux désaimer, je veux pardonner, je veux quitter et être quittée, je veux manquer, je veux lui manquer, je veux que mon ventre trésaille, je voudrais un petit bout qui lui ressemble, je voulais.
Alors oui je voulais. Mais depuis la terre tremble, et les pains se sont multipliés. C'est comme me mettre en route dans l'exil, et remettre le couvert au lit. Avec plus de maturité. Avec un phare désormais, avec un point de retour, avec lui.
Le changement nous altère, oui vraiment. Et pourtant lui non, il semble à l'écart de tout cela. Incroyablement cyclique, incroyablement là.
Je hais à avoir à choisir - et il faudra bien choisir pour tardivement ne pas entrer en solitude comme au couvent de l'âge passé.
Où se situe dans le temps le point de non retour ?

(Klimt)

(less) wild thing


L’envie ne m’est pas passée devant, ni le désir – mais c’est comme si tout autour de cela quelque chose avait dégonflé, une bulle, une peau, une matière de gâteau – quelque chose de ce goût –là.
Rien de quoi fouetter un chat - ni ses fesses.
C’est bien assez de deux hommes, après tout.
Ce n’est pas que j’aie peur de ne pas exister, mais plus prosaïquement peur de ne plus ressentir, je veux de l’explosion, de sensations nouvelles, des désirs à m’envoler en explosant, de l’implosion.
Et elle a incarné cela, voilà. Elle avec son caractère, son physique particulier, sa séduction irréductible – ou si ! Réductible au jeu, à son manque de confiance peut-être, à mes regards inquisiteurs aussi.
On a glissé sur le même terrain (de jeux) (vagues), je veux croire que je n’étais pas la seule. On a glissé – et le glissement est une sensation érotique - dans la tête ou sur le corps ou par le corps, ou dans le regard, le gli sse ment.
Oui mais cela ne suffit pas.
Puis ç’a dégonflé, comme ça. C’est juste là, à la sortie du four. Je garde dans les narines et dans toutes les pièces de mes intérieurs un parfum tenace.
Le miroir de la pièce principale s’est brisé, face à terre dans un boucan affreux - j’ai éclaté aussi de rire.
Patience.


Wild Thing I think you move me...




(photo : Drtikol)

Je voudrais observer - seulement


La soirée a été des plus étrange, je suis arrivée tard et je savais qu’elle était là. Peut-être aussi parce qu’elle était là.
Souvent j’ai croisé son regard posé sur moi, sur mon visage, sur mes pieds, sur mon front – il était intense, elle pensait fort, horizontalement – puis en croisant mon regard elle détournait les yeux. Qu’y avait-il ?


Ce soir là, c’est souvent que je l’ai trouvée dans les bras de l’homme enfant, intimes, réconfortants peut-être mais plus encore que cela, ils avaient bu, je commençais à boire.
Quelques semaines auparavant, j’avais demandé à l’homme enfant comment elle faisait l’amour, et il m’a dit avec hésitation d’abord, les joues rougissant, que la dernière fois qu’ils avaient fait l’amour, et dans l’hésitation j’ai eu à comprendre que cela avait dû avoir lieu récemment (et je me suis demandé même s’ils avaient fait l’amour pendant les trois semaines pendant lesquelles l’homme enfant et moi nous étions en rupture), elle avait voulu qu’il la serre fort, très fort à lui faire mal, et il a glissé rapidement qu’elle avait eu une expérience sado-maso qui lui avait plu certainement. Je n’en ai pas su davantage, bien que je l'aurais souhaité.


Quand pendant la soirée je l’ai vue dans ses bras à lui, un pincement au cœur m’a fait vaciller quelques instants, pendant ces quelques secondes je n’ai pas su où être, si je restais devant eux, si je m’approchais et les entourais de mes bras, si je sortais discuter avec les fumeurs – pendant ces quelques instants, je n’ai pas su qui je jalousais vraiment, elle ou lui, ou si tout simplement il était désagréable de savoir exactement ce qui se tramait entre nous trois et que révélait l’alcool.

C’est bien plus tard dans la nuit, dans le lit d’un ancien amant qui n’était pas dans le lit avec moi, tandis que divers ronflements s’élevaient dans les deux pièces de l’appartement où j’avais échoué un peu soûle, je me suis dit que le trouble venait sans doute d’ailleurs. Peut-être n’éprouvait-elle rien de sexuel pour moi, ni aucune attirance autre que celle d’être intriguée par la nouvelle petite amie de son ex, nouvelle petite amie pour laquelle elle éprouvait certainement une curiosité amicale croissante. Peut-être tout cela n’était qu’intrigue, au sens noble et ambigu du terme. Peut-être étais-je incroyablement seule dans cette affaire – sans que je comprenne vraiment si c’est bien ou mal, ni ce que je veux. Seule la curiosité m’emporte au devant.


Pendant la soirée des plus étrange, elle s’était soudainement évaporée, ne laissant qu’un message sur mon téléphone, et sur ceux de l’homme enfant et de l’ancien amant. Mais avant, avant que tout le monde ne s’ébranle en dehors du café, avant que tout le monde ne se retrouve à errer dans les rues, elle s’était détournée des bras de l’homme enfant, et elle avait dit, je me plains à ton homme. Ah bon, et de quoi ? Et elle s’est mise à dire des choses sur l’amour que je n’ai pas cru, des choses sur son amour actuel, un autre homme que je n'ai pas encore rencontré, un amour qui n’en finit pas de ne pas vouloir finir, et que dire quand quelqu’un entre en errance comme elle ? rien, juste accompagner sur un bout de chemin, et d’autres prendront le relais ou voudront la faire sortir peut-être – moi non. Je ne pouvais que me taire. J'aimerais que son amour réussisse, sincèrement je l'aimerais, et rien ne contredit ce que je ressens, c'est cela qui m'a intriguée ce soir-là.

Ses larmes ont coulé, devant tout le monde, et sans que personne vraiment ne regarde ni intervienne. Je n’ai pas osé, je l’ai regardée pleurer, je lui ai essuyé un peu le coin de l’œil, doux, mais j’aurais voulu l’observer les yeux grands ouverts sur son visage, et la prendre dans les bras, mais comme si pleurer avait été normal, et c’est ainsi qu’elle pleurait, comme si elle souriait, ou comme si elle bavardait, je l’ai regardée, et puis le moment a passé et nous nous sommes tous levés vers une autre partie de la soirée.

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Le matin je voulais lui offrir des roses rouges, cela aurait été déplacé, mais j’ai pensé à des roses rouges tout de même – et c’était si étrange, cette image au pas de sa porte que je n’ai jamais vu.
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Mais en fait, je ne veux qu'une chose, observer encore. Observer encore - ou peut-être agir, oui mais pourquoi après ? Alors observer c'est bien aussi, pour une fois.

Et pendant toute la soirée, il y avait cette autre fille, celle qui m’avait draguée si longtemps, elle était là, elle m’observait, et je sais qu’elle savait, et c’est à elle que j’avais déclaré en toute franchise et en toute sincérité que non décidément non je n’étais pas homosexuelle, et elle avait eu beau dire, mais si je le sais, tu l’es, j’avais rétorqué que non plusieurs fois. Elle était là, et elle observait amusée comment je marchais dans le mur. Et d'ailleurs, cela est vrai, je ne suis pas homosexuelle.

Et ma tante de dire qu'après tout, c'est une question de désir, homme ou femme, ce n'est que du désir qui compte.





(photo : Bettina Rheims, "More Trouble")

La caverne d'ali baba et le carré rouge


Mon coeur s'emballe -


l'homme-enfant est revenu et nous avons fermé les yeux.

Il sait pour l'homme-homme, et l'accepte dans ma vie. Il a dit, j'aimerais le rencontrer, peut-être que je l'aime aussi, oui il a dit : peut-être que je l'aime aussi.

Maintenant le dire à l'homme-homme - entrer pleinement dans ma vie de femme. Espérant la même générosité, et sa compréhension. Mon homme que j'aime plus que tout.

Elle, je l'ai revue un peu. Lui avouant à demi-mots (et malgré moi), à distance, autrement (elle n'a pas compris ouvertement non plus) - ce trouble étrange. Et elle de répondre qu'elle aime séduire. Sans que j'en sache plus - ni si elle joue aussi. Et elle, elle m'ouvre à l'amour pour l'homme-enfant, elle le connaît si bien, elle l'aime si bien. Elle est un vertige à elle seule, je deviens timide, mais les yeux bien droits dans les siens, faussement blasée, étrangement apeurée - vierge à nouveau. Oui, je me sens vierge enfin -


J'ai accédé à la troisième personne.


Troublée - le coeur qui s'emballe.
(photographie de Ralph Gibson : Crossed legs)

Dans le mur


Je ne sais pas comment, mais je suis tombée amoureuse d'elle -


un


coup


de


foudre...


électrise mon corps ...


quand en descendant les marches en colimaçon


elle se déhanche


un peu trop...


(photo by Gamini - http://gamini.org/)

conversation(s) avec le nombre

Il était question je crois d'avoir accédé à la troisième dimension - et en le disant, je me suis souvenue de la discussion sur la troisième personne.

Ma vie amoureuse - en trois, eux et moi. Ma vie affective - en trois, elles et moi.
Alors je pense à ma soeur, et je me dis, nous au moins nous étions deux - puis est apparue la petite soeur, ma toute petite soeur. Nous sommes trois de mon point de vue. Pour ma soeur, la petite grande, nous sommes quatre avec ses deux autres soeurs. Toutes des demi.
Siri Hustvedt raconte dans Yonder cette petite anecdote :
When Daniel was in the second grade, he invented a place he called the "Half-world". I think it was in outer space, and all the people who lived in it were literally cut in two. He wasn't old enough to know why he had concocted this place, but when he told me about it, I suffered a sharp, terrible pang of recognition. I asked him if those people could ever be put back together again. He said yes. And I think he was right. There are ways to sew the Half-World together again, even though it is impossible to change its torn history. (Yonder, in A Plea for Eros, p.38, Sceptre)

Maintenant, c'est un peu avec ironie que je pense que j'ai annoncé cela alors même que l'homme-enfant m'avait quittée une semaine plus tôt. L'homme-homme est imperturbablement à mes côtés, et nous nous aimons. Nous sommes redevenus deux. Ou trois si nous regardons avec les yeux de l'homme-homme. En fait, si j'ouvrais les yeux au plus loin - il y a longtemps que j'ai dépassé deux, puis trois. Il y a toujours eu le père, le faux substitut du père, la quatrième dimension - bien sûr comment n'y ai-je pas pensé ?

C'est fou, je ne suis pas folle.
J'ai la richesse de ceux qui pourraient frôler la folie.
La richesse de ceux qui arpentent les frontières et pourraient avoir vu au-delà.

Suis-je passée par l'un ?

Je parlais de distance autrefois, de distendre, de retendre, de détendre, de tendre. Puis jai voulu éprouver un discours sur le volume et le remplissage.

J'ai repensé à ce qu'elle me disait des boîtes. J'ai des boîtes, et je voudrais les ouvrir. Puis le symbole de la clé et de la porte s'est aussi naturellement imposé.
Espaces -

sans cesse l'espace.

"Yonder", entre "here" and "there".

Et cet espace qui s'ouvre à l'amour, au chagrin d'amour pour celui qui m'a quittée, à l'amour gigantesque qui grandit et grandit avec celui qui reste. Ils dansent main dans la main -une farandole.

Je suis deux - puis une, face à celui qui m'a quittée.
Je suis deux - lovée dans mon homme-homme.
Je suis trois dans ce grand bordel qu'est l'amour.

Comme c'est bon de se sentir exister - et d'exister avec.

Joie, chagrin - la même chanson.

L'homme-enfant, l'homme-homme - n'y ai-je pas l'unité de mon identité...

Voyez, je converse avec le bonheur - les nouveaux potes du café du coin...

Cours-je


Toujours dans ces réflexions en cours et à poursuivre -

j'ai préféré aimer fidèlement les hommes infidèles pour la simple raison qu'il m'était plus facile, moins courageux de souffrir que de faire souffrir. Plus facile, moins courageux de résister à ma jalousie, plus complaisant d'imaginer que je ne vaux pas un amour entier - même temporaire, que d'essuyer la colère et la démesure d'un homme, que d'éprouver la peur face à la responsabilité de mes propres actes.
Tout ce temps qu'il m'a fallu pour saisir que le courage s'arme de crainte, que le courage s'arme d'impatience aussi, que le courage est le fruit de sentiments ambigus, ambivalents, contradictoires parfois - leur dénouement.

J'écoutais un soir Annie Ernaux à la radio déclarer qu'il y avait quelque chose de sain dans la colère, c'est la manifestation, l'action même de la résistance, de notre résistance à ce qui arrive.

Et maintenant que j'éprouve de la colère, que je la laisse avoir cours, non le libre cours encore, je comprends cela parfaitement. Je comprends toute la violence soudaine qui se libère de ma poitrine, dans mes mots et mes regards, dans mes attentes bafouées, dans mes intentions et mes désirs, sur les hommes.

Ma passion qui demande à voir, à savoir, qui exigence la transparence et accepte la souffrance qu'elle anime. Mes mains aux spots de lumière aveuglante.

- mes hommes ferment leurs yeux, par volonté, par manipulation, par peur, par inachèvement, par complaisance, par ignorance parfois.


Après quoi je cours, bon sang !



Photo : Edward Burtynsky, Densified oil filters n°1.

insensées sur la route




La première lecture de "Oedipe sur la route" de Henry Bauchau avait eu lieu pendant l'adolescence, une lecture en diagonale, en désordre, en profondeur, j'étais éblouie par Oedipe, effrayée par son chemin et sa détermination, sa folie dyonisiaque. Aujourd'hui je le relis, horizontalement, de la première à la dernière page, et aujourd'hui je suis Antigone, la frêle Antigone, et c'est elle qui m'éblouit.


Comme elle je me sens élancée dans la vie, j'avance - inflexible, et tous ces moments de doute et de déchirements, ce sont les hommes que j'accompagne, aux hommes que je me cogne, par leur violence je révèle la mienne, dans leurs faiblesses je découvre les miennes plus profondes encore, devant leur admiration je mets en oeuvre mon énergie, toutes mes blessures, larges entailles, sont de l'action de leur corps et de ma volonté, je les suis dans leur folie, les assiste, leur obéis et je m'oppose à eux. Je les contiens et les affine, je les vaincs parfois, je les rappelle à la vie, ils me protègent de tout et de tous, mais jamais d'eux-mêmes. Avec eux je fais mes armes, contre eux, avec eux, pour moi, dans l'avancée forcenée. Vers le présent je les mène, vers l'avant ils me portent.


Avec eux je crée. Pour eux je crée. En eux aussi. Ils me déploient

- je canalise les flots impétueux de leur brutalité contenue. Roseau, je plie, je me relève.


Quand Oedipe se délivre de la culpabilité, Antigone l'accompagne. Il la délivre du passé.


Antigone...ma soeur, si tu savais dans mon amour pour eux, ce que je crains, ce que j'exulte - nous avançons.


Petites et grandes - à la fois. Fragiles, lionnes. Gazelles, furies. Colère, tendresse. Refus, acquiescement. Eclairées, apeurées.


Comme toi j'ouvre les yeux, tout grand la conscience - j'ai choisi.


photo - Francesca Woodman

pensées en suspens

Je ne cesse de penser à la dualité féminine puis à la dualité masculine. La femme oscille entre le désir d'être la femme singulière et l'idéal (ou le désespoir) d'être une femme universelle, un peu comme l'homme oscille entre l'idéal (ou le désespoir) d'être l'adulte et le désir d'être l'enfant. Ni l'un ni l'autre, ni l'une ni l'autre, mais à divers degrés l'un et l'autre, l'une et l'autre. Quelque part entre les deux et en chemin.

A développer...

Mademoiselle Saint Thomas

Pour plusieurs raisons il n'est pas un homme que je peux croire, mais toute sa sincérité est transparente. Sa vérité réside dans la sincérité, cette transparence des intentions et des désirs. Tout le reste chez lui est susceptible d'être une vérité tronquée, ombragée, manipulée. Le mensonge est rare, mais parfois j'ai l'impression qu'il rôde - dans cette atmopshère fantastique selon la définition de Todorov, sans que je délimite vraiment la réalité du fantasme, la réalité du surnaturel, parfois en frôlant les limites vagues de la paranoïa ou en frôlant les limites de la vérité. Je marche avec des spots à chaque doigts et j'aveugle quiconque tente de m'approcher. Je veux voir, je veux voir, je veux savoir dans une course folle et brutale. Pour croire.
Mais sa sincérité, chose étrange, orangée, arrondissante, chose brute et directe, sans encombre, sa sincérité m'apaise. Elle s'échappe de ses yeux, de ses mots, de ses pores, de la température de son corps. Elle l'illumine, tamisée. Je me recroqueville, petit être sans défense au creux de son ventre, et contre sa peau je flotte dans un univers qui me protège, liquide de sueur, salive et de pisse.

I saw the one I love with flower (*)

Quand il me caresse les jambes, je suis une plaie ouverte et chacun de ses doigts vient dénouer les nerfs à l'intérieur de ma plaie, il les tresse ensuite.
Quand il me caresse les jambes, c'est ce que je pense avoir de laideur qu'il frôle et qu'il palpe. Si je tremble, je tremble de honte.
Si je tremble, c'est que je tremble d'effroi. Je ferme les yeux, et mes épaules se contractent, de petits sons, de tout petits sons me sont volés de la bouche.
Si je tremble, je tremble de plaisir. Ce plaisir qui vient naître à la laideur et à l'horreur qui se construit au fond de soi. Le plaisir que lime la douleur nerveuse et l'effroi fasciné, l'abandon craintif.
Et le silence sur le matelas et au-dessus de nos têtes se peuple de fantômes hybrides, et s'il les voyait, toutes mes créatures atrophiées qu'à ma naissance j'ai enfantées en baillant ! Comme ils sont laids. Comme mes jambes ne sont pas belles. Comme il n'y a que lui parfois pour me voir fleur sur le merdier.
Il n'y a que lui pour penser aux racines écarlates qui élèvent la fleur. Et jamais il n'a détourné les yeux. Fasciné par ce monde intérieur qui bouillonne sous la chaleur de ses doigts. Dans ce monde, il existe cet homme qui sait voir au-delà de la peau, pour qui mon avenir est son passé et mon passé son avenir.
Mon homme.
....
...
..
.
* un vers de Henry Miller dans son poème "O lake of light"

This old world may never change...



Lorsque les choses ont commencé à remuer pendant la thérapie débutante, je lui annoncé aussi gravement que possible que peut-être avec tout le merdier que je remuais (les termes étaient de lui) tout exploserait, et nous avec. Peut-être que nous aussi.


Avant de partir en vacances il a posé sa tête sur mon dos, il m'a annoncé qu'il avait peur de me perdre, qu'il m'aimait et qu'il ne se doutait peut-être pas de tout l'amour qu'il éprouvait pour moi. Je suis là pourtant, je suis là, j'ai répondu. Il a répondu qu'il sentait bien qu'il m'avait déjà un peu perdue. J'ai parlé de transition. Nous changeons, et nous nous aimons encore, voilà ce que j'ai déclaré. Il m'a embrassé le plein du dos, une, trois, six fois.


Il s'est excusé, s'est levé et il s'est dirigé vers la salle de bain pour pisser. Je cachais entre les cheveux en bataille et le coussin mou les quelques larmes que je tentais de retenir. Il faut croire que je deviens oiseau, que je me cache pour mourir - comme les grandes.


Il m'a parlé de ce que nous serions l'un pour l'autre si nous habitions ensemble. C'était derrière mon dos qu'il disait cela soudain. J'ai murmuré que nous ne nous supporterions peut-être pas, que ce n'était pas la question. Peut-être que non, lapidaire, il a rétorqué.


Je m'étais pourtant séparée des regrets enfin, voilà qu'il a repris le relais. Pourquoi ? Qu'ai-je à en faire ? Ce ne sont que des cimetières à intentions avortées.


Qu'est-ce qui souffle dans la tête de cet homme ? et sur sa tête quelques cheveux blancs qu'il n'avait pas deux semaines auparavant, les soupirs dans mon ventre, sa peur de n'avoir pas assez vécu.


Si j'ai peur, c'est de le voir diminuer trop vite, de le voir partir de la raison trop rapidement, c'est de le sentir s'abandonner à la vieillesse. Le reste, qu'importe, vivre ensemble ou pas, enfant ou pas, une femme légitime ou pas, maîtresse ou non, qu'importe, qu'importe ! Ce que je veux, je le sais maintenant, c'est tressaillir de la force de notre amour, nous sentir vivants, et sincères, sincères jusqu'à l'os.


Le reste, je m'en fous.


La prochaine fois, je lui mets mon poing dans la gueule et je le tambourine. Qu'il se réveille un peu.

...Tombent les nuits à la lueur de bougies qui fondent...(réécrit)


Il faudrait que je me fasse une raison peut-être, et personne entre lui et moi ne m'enlèvera la solitude que son éloignement parfois inspire. Oui, peut-être est-ce cela, la solitude que je tente de fuir sans chercher à nous séparer est tout simplement intrinsèque à nous. Elle est une partie irréductible de nous.

Est-ce lui qui a oublié me dire qu'il partait en vacances, est-ce moi qui ai oublié qu'il m'avait prévenue. Il y a bien eu oubli. L'un de nous, peut-être l'autre aussi, a pris l'information et lui a coupé les cordes vocales et les racines, puis l'a déposée dans un coin, aphone et immobile, et l'a recouverte d'oubli.

L'amour me rend vaniteuse en secret.

Parfois devrais-je penser notre relation en termes de luminosité, non de silence. Nous mettons à l'ombre les troubles, nous jetons la lumière sur les parties et l'infime, nous couvrons et découvrons, nous recouvrons d'obscurité, nous éclairons, nous éteignons - des éclairs, je les entends.

J'entends la lumière qui fond sur les toits ruisselants, le goût gris, humidasse, de la solitude.

Les portent claquent comme des fusils en chasse et plus loin encore dans les intérieurs des volets battent leur coulpe. Les lieux entiers ressentent à ma place quand trop sensible je clos les yeux.

Je m'écrie - connaissez-vous la peur des funambules qui découvrent soudain qu'ils le sont ?
Elle a répondu : - et qui ensuite se bandent les yeux pour ne plus voir ?
- ou se crèvent les yeux, peut-être...

L'absolu est parcellaire ; l'idéal, un miroir brisé. J'ai toujours cru que faire confiance était un acte d'abandon de soi, mais je comprends mieux que c'est la bataille.

D'où je suis sereine ?

...Que la lumière soit...

il est le lecteur du livre intime


Il sait lire dans beaucoup de mes silences comme dans un livre entre-ouvert ou un livre à ciel ouvert à la lumière de la pénombre qui s'avance.

Je m'étonne comme parfois il me devine, comme il me sait, et parfois il me sait sans le savoir. Alors je trésaille.

Il sait toucher du doigt l'essentiel de mes textes intérieurs. Il a l'analyse fine.

Il ne sait pas souvent interpréter. Il a tous les éléments en main pour une traduction parfaite et je bouillais autrefois les cartes. Il m'interprète moins bien qu'il ne me sait, mais il garde dans l'interprétation la justesse de la ligne parallèle et épouse mes formes avec exactitude - le même écart régulier, le même rapprochement infini.

J'ai l'imagination débordante des silences qui s'imposent à ma compréhension, il a la conscience d'un historien qui répertorie et classe, et la discrétion de ceux qui savent vraiment.
Et la fierté de ceux qui savent et conservent le secret.

J'ai sous-estimé les silences des hommes.

Peut-être sous-estimé-je leur amour.

Et leur douleur.

remind me


Nous avons rompu un des silences - sa compagne a un prénom, des horaires, une personnalité. Surtout, elle a des frustrations amoureuses et des frustrations de femme. Et c'est mieux ainsi, aussi. Nous avons rompu une des digues, et cela m'a éclaté à la figure, pas avec la première vague, mais j'ai été emportée par le ressac.

L'eau a remué sur ma peau, mes os ont résisté à la pression folle,j'ai fermé les yeux en serrant les paupières du mieux que je pouvais, j'ai cessé de respirer et j'ai attendu que les secousses cessent. Puis le calme s'est abattu comme une rafale, et dans le silence des bribes de phrases flottaient telles des épaves soumises aux courants lents et hasardeux.

Je ne peux m'empêcher de penser aux villages laissés à l'abandon sous les lacs artificielles, une église avait tenu debout, plus haute que le niveau de l'eau paisible, là-bas quelque part sur les hauteurs des Pyrénées.

J'ai rompu la digue, et le flot ne s'est pas fait prier, j'avais juste à rompre le silence, il a suffi de rien, mais j'étais prête. Mais je comprends mieux maintenant pourquoi je n'ai jamais éprouvé de jalousie pour elle. L'intuition nourrit l'inconscient parfois avec justesse.

Quelques jours plus tard nous pleurions sur le trottoir, entre joie et tristesse, bonheur et angoisse, moi sur le visage, lui quelques suintements dans son intérieur. A l'oreille il a murmuré "ne m'enterrez pas si vite"...mais ce n'est pas mon intention. Je suis sur une chaise électrique et je le regarde s'enterrer tout seul.

- j'avance tout simplement, vous comprenez ?
- mais moi je n'avance pas...me répond-il.

Si seulement il était encore un homme à pleurer, ne serait-ce qu'une larme...il se serait senti moins seul.

Rien ne l'empêchera de me rejoindre sur le chemin qu'il a dégagé pour moi.

Nos mains sont croisées l'une dans l'autre. Je ne lâcherai pas.

Je nous dépouille de l'illusion, je voudrais notre essence - cultiver. Et la liberté de chacun.

Je ne joue pas, mais je pourrais le perdre peut-être - à pile ou à face.

Souvent les hommes sont plus égoïstes que les femmes, au fond.



"Remind me

Not to find you so attractive

Remind me

That the world is full of men"
(By Nina Simone)

you know you I am... - I'm the distance you put between...

Au mot infidélité je préférerais le mot accomplissement.

Je regarde la place et les frustrations, je l'écoute me dire hier "Oui avez l'air étrange, de la gravité peut-être, oui je crois que c'est cela, de la gravité. Peut-être que nous ne nous voyons pas assez". Il y a longtemps qu'il sait que nous ne nous voyons pas assez. Et je pense à ma crise après son retour du Nouvel an.

Je vois défiler les deux mails que j'ai reçus de je-ne-sais-qui, le dénonçant lui et ses amours, je ne les ai pas lus, juste parcouru rapidement à la vitesse de mon coeur qui explosait de trouble, et pourquoi n'était-ce pas lui qui me le racontait, et pourquoi un étranger ou une étrangère. Après tout cela non plus ne me concernait pas. J'aurais voulu l'entendre de sa voix à lui. Puis il m'a assuré que non. La question n'était plus de le croire ou non. En amour on ne croit pas, on vit des nécessités intérieures, la pression des hormones, les ambiguïtés de l'âme, les désirs insoupçonnés.

L'infidélité commence par ce qui se tait. De coucher ou d'aimer quelqu'un d'autre, ne plus aimer ou aimer aussi - cela n'est pas infidèle. Humain peut-être. Mais ces deux mails, c'était un canular, peut-être. Une intention malveillante. J'ai regardé au fond de la main le faisceau de liens ciselé jusqu'au dernier. Il est revenu de vacances, et j'avais perdu le goût du sexe, puis j'ai joui pourtant dans la grande humidité dont mes pores et mes fentes sont capables. Il m'a taquinée un peu, "c'est ainsi que vous perdez votre libido, vous ?!". Dans l'autre main je n'avais compris qu'avaient poussé d'autres liens, un autre faisceau de fils qui me reliaient à lui dans le silence le plus profond. Du lin nous étions passés au cuir.

Avec lui j'ai pris le goût de l'amour et repris de l'attachement. J'ai pris le goût de la jouissance extrême. Lui me remplit - et ce n'est pas seulement une histoire de taille ou de technique. C'est une question de rencontre d'âmes. Il y a des milliers d'années que je le cherchais. Et plus de vies antérieures encore. En lui j'ai trouvé le repos de l'exil. Mon homme, mon île, mon espoir - des mots remplis de sens. Il est une géographie, une culture, la familiarité.


Je n'ai pas trouvé l'arrivée ultime. Notre relation adultérine. The other women. His other life. His independance.

And mine -

Comme si notre rencontre avait eu lieu une seconde de retard de trop. Comme si la toile que j'ai tissée rejoignait la sienne par parcelles et ne le recouvrirait jamais.

Mon Dieu que cet homme est indépendant - et c'est par lui, toujours malgré sa volonté, que je construis mon indépendance de femme. Je marche, et lui il est l'être immuable, l'être immobile. Celui qui recueille. Celui qui observe. Celui qui me sait - et il m'a dit hier "vous voyez, je commence à bien vous connaître", et mon âme a explosé de joie et de reconnaissance. Il est mon tout, mon désir, mes envies, il est ce que je désire. Oui, il me connaît, il me devine, il me sait -

Aujourd'hui j'ai pleuré dans le métro. De bonheur. Exactement comme la fois où j'ai ressenti le désir d'un enfant de lui, il y a près d'un an. De trouble. De la douleur du manque. Du vide en soi. C'est aussi cela le bonheur qui se manifeste. Du manque que j'ai comblé. Du "je t'aime" que j'ai entendu dans la voix d'un autre homme et que je n'ai pas cru.

De l'évidence que mon homme sera toujours mon homme, et que je ne voudrai pas le perdre.

Pour cela il m'aura fallu le deuxième homme. Celui trivial. Celui du quotidien. Pour lequel l'amour n'est pas évident. Qui ne me remplit pas. Mais qui m'accompagne. Auquel mon homme m'a mûrie, et vers lequel sans savoir il m'a poussée.

J'avance mais j'ai peur. J'ai peur mais j'avance - je chante, Barbara, avec toi.

Mais le perdre, mon homme, pour rien au monde - ni mon amour et ma patience pour lui, ni son amour et sa clémence pour moi.

A ses pieds je pousse. Grave.

"je ne vous empeche de rien, ne vous autorise à rien"


Un jour je lui ai écrit que c'était incroyable ce qu'il laissait de la place aux autres hommes dans ma vie parfois. Il a répondu : "la place à d'autres hommes, ce n'est pas moi qui la laisse. C'est vous.". J'ai dit non, puis je me suis tu, quelque chose me gênait, je ne croyais pas vrai ce qu'il me disait, ni réel. Un jour j'ai été séduite par un autre homme (que je n'aurais pas pu aimer immédiatement), j'ai dit à cet autre homme "dans d'autres temps je t'aurais suivi" et il m'a répondu "oui je sais tu es love de ton homme", j'ai trouvé le formulation un peu curieuse. Peut-être ne savait-il pas ce que j'éprouvais exactement pour l'homme que j'aimais, alors c'est cette formulation étrange qui lui est venu à l'esprit.

Il a dit ensuite "à d'autres temps d'autres moeurs". Oui effectivement. Pour la première fois, je prononçais ma fidélité comme un engagement, comme un choix libre, j'étais fière. Mais pour la première fois je la mettais réellement à l'épreuve, et l'épreuve s'appelait le doute.

C'est soudain que j'ai compris que je ne "laissais" pas la place libre à d'autres hommes, c'est que cette place "était" là, qu'elle m'accompagnait, qu'elle s'était créée au contact de mon homme en naissance avec l'amour pour lui et pour nous, qu'il y avait un désir d'un engagement à double sens, un désir fort de projeter. Et que cette place je ne la laissais pas, elle était là, existante, évidente, réelle - que le désir flirtait avec le manque.

Que la place était à prendre ou à laisser. Qu'elle lui était désignée en priorité, puis qu'il faudra l'occuper un jour, tantôt.

Moi aussi je veux être comblée. Peu à peu je commence à dessiner les contours fermes de ce que je désire.

aboli bibelot d'inanité sonore...

Le langage serait les signes d'un intérieur vers l'extérieur, puis de l'extérieur vers l'intérieur, de l'incohérence vers le réel, de l'établi vers la confusion. Serait le signe du lien.

Le langage pourrait être pathétique, le dernier moyen de détresse pour relier le profond à la superficialité, le pesant au retournement. Le dernier recours aux détails de vie, sinon demeurent les gestes et l'action - ne sont-ils beaux les pantomimes, ne fait-on parler les marionnettes. La signifiance sans le langage n'aurait plus été ce qui a du sens, mais ce qui a de l'intérêt.

Et si l'on a voulu à l'aube d'une humanité gagner du temps avec le langage, bientôt on pensera en perdre - et actuellement fragmentons le langage et autre communication optimale. On perd du temps quand on ne lui colle pas au corps. On perd du temps quand on s'en écarte - sait-on seulement comment prendre à corps le temps.

Aucun amour, qu'il se pense partagé ou manqué, ne produit une adhésion au temps. Mais il espère désespérément adhérer au mouvement, à l'écart minimal, ou parfait - si possible seulement. Idéal de silence réduit au néant ("qui s'honore").

L'amour aura toujours voulu abolir le langage - écarter les différences et les limites. Confondre la superficialité. Evaporer la solitude.

C'est que l'amour aura toujours voulu s'abolir.