...Tombent les nuits à la lueur de bougies qui fondent...(réécrit)


Il faudrait que je me fasse une raison peut-être, et personne entre lui et moi ne m'enlèvera la solitude que son éloignement parfois inspire. Oui, peut-être est-ce cela, la solitude que je tente de fuir sans chercher à nous séparer est tout simplement intrinsèque à nous. Elle est une partie irréductible de nous.

Est-ce lui qui a oublié me dire qu'il partait en vacances, est-ce moi qui ai oublié qu'il m'avait prévenue. Il y a bien eu oubli. L'un de nous, peut-être l'autre aussi, a pris l'information et lui a coupé les cordes vocales et les racines, puis l'a déposée dans un coin, aphone et immobile, et l'a recouverte d'oubli.

L'amour me rend vaniteuse en secret.

Parfois devrais-je penser notre relation en termes de luminosité, non de silence. Nous mettons à l'ombre les troubles, nous jetons la lumière sur les parties et l'infime, nous couvrons et découvrons, nous recouvrons d'obscurité, nous éclairons, nous éteignons - des éclairs, je les entends.

J'entends la lumière qui fond sur les toits ruisselants, le goût gris, humidasse, de la solitude.

Les portent claquent comme des fusils en chasse et plus loin encore dans les intérieurs des volets battent leur coulpe. Les lieux entiers ressentent à ma place quand trop sensible je clos les yeux.

Je m'écrie - connaissez-vous la peur des funambules qui découvrent soudain qu'ils le sont ?
Elle a répondu : - et qui ensuite se bandent les yeux pour ne plus voir ?
- ou se crèvent les yeux, peut-être...

L'absolu est parcellaire ; l'idéal, un miroir brisé. J'ai toujours cru que faire confiance était un acte d'abandon de soi, mais je comprends mieux que c'est la bataille.

D'où je suis sereine ?

...Que la lumière soit...

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Passent les anges et les orages au-dessus des foules...

(et jamais les silences ?)

Anonyme a dit…

ha ! j'ai failli choisir celle-là pour titre aussi...pour tout relier, les textes auparavant, au paravent aussi. Puis, voilà, la cohérence et tutti quanti, tu vois, m'a fait choisir l'autre.

ClairO-

Cephee a dit…

'un peu de toi est entré en moi pour toujours et m'a contaminée comme un poison' [...]
une expression des indiens yanomamis

Anonyme a dit…

je vous regarde car vous êtes un miroir.
je vous aime car vous êtes ce reflet.
Il n'y a rien d'autre que du narcissisme. Et cela m'attriste...
"Une porte qui s'ouvre sur une solitude et un amour à deux" V.Valère.

Anonyme a dit…

Arnaud : (les silences traversent)

Céphée : un poison multimortel et ressuscitant, pour dire...! sourires

Or. : le narcissisme, le vrai,(c'est à dire, celui de ceux qui sont emplis de générosité et de regards) n'est qu'un miroir sur le monde qui se trouve dans notre dos et que par timidité d'existence nous n'osons pas regarder de face et de devant. Ce n'est qu'un détour de regard et d'écoute. Il n'y a pas plus sensibles au monde que les narcissiques, les vrais narcissiques.

Camille a dit…

C'est un texte magnifiques, d'une pureté qui s'affranchit presque du poid et du sens des mots pour passer dans le monde de la sensation et de la sentimentalité. Merci.

... a dit…

Camille, vos commentaires me font revenir sur des textes que je n'ai plus regardé depuis bien des mois...je suis heureuse que vous y trouviez un écho, ne serait-ce que les prémices de pensées enfouies en vous qui submergent. Il y a comme l'expérience d'un inconscient collectif (même si je déforme la définition initiale de ces termes), un lieu de partage dans l'esprit, un en-deçà des mots.