la vie sexuelle d-eux


L'un, j'aime jouir avec, mais il jouit souvent après moi car il aime que je jouisse avant.

L'autre je le fais jouir avant et je m'en contente parfois avec délectation ou je me masturbe après, ma tête enfouie entre son épaule et sa joue.

L'un jouit en toute discrétion comme une excuse retenue, et l'autre est un spectacle fascinant d'éclats bruyants.

L'un pense à moi, l'autre pense à son trou du cul.

L'un je le remercie, l'autre me remercie.

Tous les deux me fessent.

L'un, je n'ai pas l'impression de le tromper, l'autre me donne toujours l'impression qu'il est trompé.

L'un ignore la réalité de l'autre, l'autre surévalue le premier.

J'aimerais dire que j'aime l'un plus que l'autre, et si j'aime l'un mieux que l'autre, d'une manière étrange et incompréhensible j'aime l'un et l'autre, différemment peut-être oui mais parfois seulement, car souvent juste je les aime l'un et l'autre.

Peut-être un jour je les aimerai l'un pour l'autre.

Peut-être aussi un jour je ne pourrai plus aimer l'un sans l'autre.

Mais je n'y crois pas.

Parfois il me semble que l'un restera pour toujours car je le garderai pour toujours, et que l'autre est variable ou multiple. Car l'autre est déjà parti une fois. (Puis revenu)

Mais je me trompe souvent -


- pour ne jamais tromper les hommes que j'aime.


(photo piquée dans ce blog-ci :http://cerebelmic.blogspot.com/ sans bien savoir de qui est la photo...)

Possibly maybe


Bien sûr je suis en colère contre lui - rien de bien visible, rien qui ne s'exprime...mais - mon amour s'est teinté (voilé?) bien sûr quand il a accepté de me laisser retourner à la multitude. C'était un long processus, cela avait commencé en janvier dernier. Parfois je le trouve spectateur, trop - et son dernier mot sera toujours "mais vous êtes responsable de vous-même"...
Alors oui je ne serai pas femme de marin. Alors oui je veux la chaleur du corps le matin. Alors oui, je veux bâtir à deux...alors oui je veux désaimer, je veux pardonner, je veux quitter et être quittée, je veux manquer, je veux lui manquer, je veux que mon ventre trésaille, je voudrais un petit bout qui lui ressemble, je voulais.
Alors oui je voulais. Mais depuis la terre tremble, et les pains se sont multipliés. C'est comme me mettre en route dans l'exil, et remettre le couvert au lit. Avec plus de maturité. Avec un phare désormais, avec un point de retour, avec lui.
Le changement nous altère, oui vraiment. Et pourtant lui non, il semble à l'écart de tout cela. Incroyablement cyclique, incroyablement là.
Je hais à avoir à choisir - et il faudra bien choisir pour tardivement ne pas entrer en solitude comme au couvent de l'âge passé.
Où se situe dans le temps le point de non retour ?

(Klimt)

(less) wild thing


L’envie ne m’est pas passée devant, ni le désir – mais c’est comme si tout autour de cela quelque chose avait dégonflé, une bulle, une peau, une matière de gâteau – quelque chose de ce goût –là.
Rien de quoi fouetter un chat - ni ses fesses.
C’est bien assez de deux hommes, après tout.
Ce n’est pas que j’aie peur de ne pas exister, mais plus prosaïquement peur de ne plus ressentir, je veux de l’explosion, de sensations nouvelles, des désirs à m’envoler en explosant, de l’implosion.
Et elle a incarné cela, voilà. Elle avec son caractère, son physique particulier, sa séduction irréductible – ou si ! Réductible au jeu, à son manque de confiance peut-être, à mes regards inquisiteurs aussi.
On a glissé sur le même terrain (de jeux) (vagues), je veux croire que je n’étais pas la seule. On a glissé – et le glissement est une sensation érotique - dans la tête ou sur le corps ou par le corps, ou dans le regard, le gli sse ment.
Oui mais cela ne suffit pas.
Puis ç’a dégonflé, comme ça. C’est juste là, à la sortie du four. Je garde dans les narines et dans toutes les pièces de mes intérieurs un parfum tenace.
Le miroir de la pièce principale s’est brisé, face à terre dans un boucan affreux - j’ai éclaté aussi de rire.
Patience.


Wild Thing I think you move me...




(photo : Drtikol)

Je voudrais observer - seulement


La soirée a été des plus étrange, je suis arrivée tard et je savais qu’elle était là. Peut-être aussi parce qu’elle était là.
Souvent j’ai croisé son regard posé sur moi, sur mon visage, sur mes pieds, sur mon front – il était intense, elle pensait fort, horizontalement – puis en croisant mon regard elle détournait les yeux. Qu’y avait-il ?


Ce soir là, c’est souvent que je l’ai trouvée dans les bras de l’homme enfant, intimes, réconfortants peut-être mais plus encore que cela, ils avaient bu, je commençais à boire.
Quelques semaines auparavant, j’avais demandé à l’homme enfant comment elle faisait l’amour, et il m’a dit avec hésitation d’abord, les joues rougissant, que la dernière fois qu’ils avaient fait l’amour, et dans l’hésitation j’ai eu à comprendre que cela avait dû avoir lieu récemment (et je me suis demandé même s’ils avaient fait l’amour pendant les trois semaines pendant lesquelles l’homme enfant et moi nous étions en rupture), elle avait voulu qu’il la serre fort, très fort à lui faire mal, et il a glissé rapidement qu’elle avait eu une expérience sado-maso qui lui avait plu certainement. Je n’en ai pas su davantage, bien que je l'aurais souhaité.


Quand pendant la soirée je l’ai vue dans ses bras à lui, un pincement au cœur m’a fait vaciller quelques instants, pendant ces quelques secondes je n’ai pas su où être, si je restais devant eux, si je m’approchais et les entourais de mes bras, si je sortais discuter avec les fumeurs – pendant ces quelques instants, je n’ai pas su qui je jalousais vraiment, elle ou lui, ou si tout simplement il était désagréable de savoir exactement ce qui se tramait entre nous trois et que révélait l’alcool.

C’est bien plus tard dans la nuit, dans le lit d’un ancien amant qui n’était pas dans le lit avec moi, tandis que divers ronflements s’élevaient dans les deux pièces de l’appartement où j’avais échoué un peu soûle, je me suis dit que le trouble venait sans doute d’ailleurs. Peut-être n’éprouvait-elle rien de sexuel pour moi, ni aucune attirance autre que celle d’être intriguée par la nouvelle petite amie de son ex, nouvelle petite amie pour laquelle elle éprouvait certainement une curiosité amicale croissante. Peut-être tout cela n’était qu’intrigue, au sens noble et ambigu du terme. Peut-être étais-je incroyablement seule dans cette affaire – sans que je comprenne vraiment si c’est bien ou mal, ni ce que je veux. Seule la curiosité m’emporte au devant.


Pendant la soirée des plus étrange, elle s’était soudainement évaporée, ne laissant qu’un message sur mon téléphone, et sur ceux de l’homme enfant et de l’ancien amant. Mais avant, avant que tout le monde ne s’ébranle en dehors du café, avant que tout le monde ne se retrouve à errer dans les rues, elle s’était détournée des bras de l’homme enfant, et elle avait dit, je me plains à ton homme. Ah bon, et de quoi ? Et elle s’est mise à dire des choses sur l’amour que je n’ai pas cru, des choses sur son amour actuel, un autre homme que je n'ai pas encore rencontré, un amour qui n’en finit pas de ne pas vouloir finir, et que dire quand quelqu’un entre en errance comme elle ? rien, juste accompagner sur un bout de chemin, et d’autres prendront le relais ou voudront la faire sortir peut-être – moi non. Je ne pouvais que me taire. J'aimerais que son amour réussisse, sincèrement je l'aimerais, et rien ne contredit ce que je ressens, c'est cela qui m'a intriguée ce soir-là.

Ses larmes ont coulé, devant tout le monde, et sans que personne vraiment ne regarde ni intervienne. Je n’ai pas osé, je l’ai regardée pleurer, je lui ai essuyé un peu le coin de l’œil, doux, mais j’aurais voulu l’observer les yeux grands ouverts sur son visage, et la prendre dans les bras, mais comme si pleurer avait été normal, et c’est ainsi qu’elle pleurait, comme si elle souriait, ou comme si elle bavardait, je l’ai regardée, et puis le moment a passé et nous nous sommes tous levés vers une autre partie de la soirée.

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Le matin je voulais lui offrir des roses rouges, cela aurait été déplacé, mais j’ai pensé à des roses rouges tout de même – et c’était si étrange, cette image au pas de sa porte que je n’ai jamais vu.
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Mais en fait, je ne veux qu'une chose, observer encore. Observer encore - ou peut-être agir, oui mais pourquoi après ? Alors observer c'est bien aussi, pour une fois.

Et pendant toute la soirée, il y avait cette autre fille, celle qui m’avait draguée si longtemps, elle était là, elle m’observait, et je sais qu’elle savait, et c’est à elle que j’avais déclaré en toute franchise et en toute sincérité que non décidément non je n’étais pas homosexuelle, et elle avait eu beau dire, mais si je le sais, tu l’es, j’avais rétorqué que non plusieurs fois. Elle était là, et elle observait amusée comment je marchais dans le mur. Et d'ailleurs, cela est vrai, je ne suis pas homosexuelle.

Et ma tante de dire qu'après tout, c'est une question de désir, homme ou femme, ce n'est que du désir qui compte.





(photo : Bettina Rheims, "More Trouble")

La caverne d'ali baba et le carré rouge


Mon coeur s'emballe -


l'homme-enfant est revenu et nous avons fermé les yeux.

Il sait pour l'homme-homme, et l'accepte dans ma vie. Il a dit, j'aimerais le rencontrer, peut-être que je l'aime aussi, oui il a dit : peut-être que je l'aime aussi.

Maintenant le dire à l'homme-homme - entrer pleinement dans ma vie de femme. Espérant la même générosité, et sa compréhension. Mon homme que j'aime plus que tout.

Elle, je l'ai revue un peu. Lui avouant à demi-mots (et malgré moi), à distance, autrement (elle n'a pas compris ouvertement non plus) - ce trouble étrange. Et elle de répondre qu'elle aime séduire. Sans que j'en sache plus - ni si elle joue aussi. Et elle, elle m'ouvre à l'amour pour l'homme-enfant, elle le connaît si bien, elle l'aime si bien. Elle est un vertige à elle seule, je deviens timide, mais les yeux bien droits dans les siens, faussement blasée, étrangement apeurée - vierge à nouveau. Oui, je me sens vierge enfin -


J'ai accédé à la troisième personne.


Troublée - le coeur qui s'emballe.
(photographie de Ralph Gibson : Crossed legs)